Laurence Ruffin, Alma
Dans le cadre du projet 52 Femmes Entrepreneuses, il était essentiel pour moi de montrer diverses manières d’entreprendre. J’avais tout particulièrement envie de mettre en lumière le modèle coopératif de la SCOP. C’est Laurence Ruffin, PDG d’Alma qui a pris le temps de partager avec moi son histoire et ce qui l’a menée à diriger une société coopérative et participative.
Entreprendre avec des valeurs sociétales fortes
Laurence a toujours eu de fortes convictions de justice sociale et environnementale. A la sortie de ses études en école de commerce, elle débute d’abord sa carrière en cabinet de conseil. Si le travail est intellectuellement stimulant, il est très orienté vers la rentabilité court-termiste. Elle fait alors une pause de plusieurs mois en Afrique pour réfléchir au sens qu’elle souhaitait donner à sa vie professionnelle.
Elle décida alors de quitter le modèle économique classique, et de travailler au sein d’une entreprise qui valoriserait l’humain et les projets à long terme.
A la découverte de l’économie sociale et solidaire
Laurence recherchait à mettre du sens dans sa manière de contribuer à la société. C’est en 2003 qu’elle rencontre le directeur de l’Union Régionale des SCOP, et découvre ainsi le statut de la SCOP.
Dans une SCOP, les salariés sont également associés de l’entreprise et et prennent des décisions ensemble. Par ailleurs la valeur créée est partagée de manière équitable entre les salariés, l’entreprise et les associés. Enfin, c’est une société qui ne peut pas être revendue et dont l’objectif est de se pérenniser sur son territoire.
Laurence rejoint donc l’URSCOP, osant quitter l’économie plus classique pour le monde coopératif de l’économie sociale et solidaire.
En 2009, elle prend la tête de la SCOP d’édition de logiciels Alma. Ainsi, Laurence réunissait dans ce poste son envie de challenge intellectuel avec ses valeurs sociétales.
4 caractéristiques sont fondamentales à Alma :
- le challenge technique lié au métier d’édition de logiciels
- une entreprise de personnes, avec une gouvernance collective, une attention à donner du sens à chaque individu, et un partage des résultats
- la durabilité du projet d’entreprise : une vision sur le long-terme : une entreprise qui ne peut pas être vendue.
- limiter l’impact écologique des activités d’Alma
Comment faire avancer une entreprise dirigée par ses salariés ?
La transparence et la solidarité sont des valeurs clés d’Alma. Cela se traduit notamment par le fait que 75% des salariés se sentent libres de prendre un congé parental, la présence de 44% de femmes au CA et un écart salarial de 2,4.
Alma continue à se développer grâce à ses salariés, qui sont consultés à chaque grande décision. Pour cela, Laurence, prépare une note présentant les enjeux du sujet à traiter (politique salariale, nouvelle branche où se diversifier, orientation à l’international…) Elle discute de de cette vision avec le Conseil d’Administration puis la confronte aux retours des Almatiens, et le processus de décision converge alors vers un consensus.
Laurence a une attention particulière à conserver cette culture d’entreprise coopérative au travers d’un parcours de recrutement où tout candidat est amené à rencontrer l’équipe avec laquelle il va travailler mais aussi découvrir le modèle coopératif.
Avec toujours l’envie de rendre accessible le modèle coopératif, Alma lance en partenariat avec la French Tech et l’URSCOP le fond d’investissement CoopVenture. Ce fond d’investissement finance l’innovation des start-up du numérique en phase avec les valeurs de l’économie sociale et solidaire.