J’ai croisé la route de Sandra l’an dernier lors d’un atelier où elle partageait de l’information sur les bons réflexes à avoir en tant qu’individu pour se préparer et réagir en cas de catastrophes naturelles ou technologiques.
Ce sujet est au cœur de l’entrepreneuriat de Sandra, qui a monté son entreprise, l’Agence EDEL en 1998 pour accompagner les collectivités à mettre en œuvre des actions préventives pour protéger leurs populations, et également l’association Résiliances en 2017 destinée aux entreprises.
Lors de notre rencontre, j’ai été épatée de découvrir la fluidité de son parcours entrepreneurial, mené par le sens et l’utilité publique de ses projets, et ravie de découvrir notre engagement partagé pour le modèle des coopératives d’activité et d’emploi qu’elle a côtoyé par le passé.
Dire oui aux opportunités
Sandra a initialement une formation de droit associée à un magistère en urbanisme réalisé à la Sorbonne. Lors d’un de ses cours d’urbanisme, elle a relevé l’erreur d’un de ses enseignants sur un texte de loi qu’elle connaissait par cœur.
Deux ans plus tard, cet enseignant marqué par son travail consciencieux la contacte pour l’impliquer dans un projet de réédition de livre recensant les procédures et règlementation sur les risques majeurs, édité par le Ministère de l’Environnement. Ce projet a d’ailleurs mené à la création de la Junior Entreprise de sa formation universitaire.
Écouter son instinct
A la fin de ses études, Sandra se lance dans une formation en Irlande en Erasmus pour parfaire son anglais. Mais rapidement, ses diplômes en poche, elle ressent le besoin de rentrer en France et contacte alors le Ministère de l’Environnement qui lui propose une mission qui sera dimensionnante dans la suite de sa carrière.
Son contact, nouvellement en poste et qui a eu vent de la réussite du guide sur les procédures, lui indique qu’il ne peut l’embaucher et l’invite à monter son entreprise pour faire appel à ses compétences. Elle accepte. On est alors en 1998, l’agence EDEL est née !
Sandra se retrouve à mener sa première mission : réaliser une étude, à distance, sur l’information préventive dans les 15 pays de l’Union Européenne. Passionnée par le sujet, elle se forme et acquiert une grande expertise dans ce domaine.
Parler de son projet
Sandra parle régulièrement de son activité à ses proches. Un jour, elle a la surprise d’être appelée par le père d’une amie qui dirige une agence d’urbanisme parisienne. Deux ans après leur rencontre, il la contacte pour l’inviter à travailler sur un projet d’ampleur en AURA : le schéma d’aménagement de la région « Imaginons Rhône-Alpes 2020 » !
Les missions auprès de cette agence s’enchaînent, Sandra sillonne la région et notamment l’Ardèche pour dresser l’étude prospective de l’espace de restitution de la grotte Chauvet. Son activité marche bien.
Passage à l’euro et effet de ciseau
Fin 2001, juste avant le passage à l’euro, Sandra découvre alors que tous ses clients publics soldent leurs contrats. Cela fait augmenter subitement son chiffre d’affaires de l’année, et Sandra subit alors une augmentation importante de ses charges l’année qui suit.
Cette situation la conduit à faire le choix de cesser son activité en libéral et d’opter pour un système plus adapté à son activité : la coopérative d’emploi et d’activité (CAE) vers laquelle elle transfère ses missions.
Son implication dans une association de soutien à l’environnement, Ecole & Nature, lui permet de rencontrer celui qui deviendra son mari, mais aussi un instituteur engagé qui avait créé quelques années auparavant la CAE qu’elle a rejointe, alors une expérimentation, suivie par l’Union Régionale des Scop.
Sandra adhère immédiatement à ce modèle. Elle est accompagnée sur la partie administrative et comptable, ce qui lui permet de se centrer sur son métier et sa créativité.
Elle participe pleinement à la gouvernance de cette structure à taille humaine (NDLR : ils étaient alors une petite dizaine d’entrepreneurs) où elle mesurait l’impact des décisions prises par le collectif.
Savoir s’écouter
Pendant 10 ans, elle restera « entrepreneuse-salariée » de cette coopérative, s’impliquant jusqu’à devenir vice-présidente de la première association européenne d’Economie Sociale & Solidaire, Medcoop. Elle a aussi accompagné des entrepreneurs dans l’établissement secondaire de Lyon dont elle a été à l’origine.
A chaque moment de son aventure entrepreneuriale, Sandra aura été vigilante à s’écouter. A ses yeux, nos structures professionnelles doivent être au service de l’humain et permettre de déployer des projets et non l’inverse.
En 2007, Sandra devient maman. Sandra a conscience de la force de ce socle familial qui lui permet d’être plus sereine dans ses projets d’entrepreneuse. Alors si cela implique parfois de refuser certaines invitations pour respecter son équilibre familial, elle n’hésite pas.
Aller plus loin en rassemblant
En 2013, un nouveau tournant se présente à elle. Elle quitte la SCOP, qui lui demandait une trop grande implication dans les instances de gouvernance, pour se concentrer à 100% sur son activité de consultante en gestion des risques majeurs.
Souvent pionnière dans les considérations de risques majeurs, elle initie un important projet partenarial sur la résilience des entreprises face aux risques industriels (RESIRISK) en 2015. La résilience est un sujet qu’elle connaît bien grâce à des lectures personnelles qu’elle a depuis les années 2000.
Elle voit des passerelles entre ce sujet développé à l’échelle des individus et une possible transposition de ses composantes à l’échelle des entreprises et des territoires.
Explorer de nouveaux horizons
Convaincue de l’importance de la prise en compte des risques majeurs dans les politiques de sécurité des entreprises un peu trop laissées de côté en matière de prévention selon elle, Sandra crée en 2017 l’association Résiliances où se rassemblent des entreprises qui s’engagent dans la prévention des risques naturels et technologiques majeurs.
Ainsi, Sandra exerce toujours individuellement une activité au sein de l’agence EDEL, en tant qu’expert-conseil principalement auprès des collectivités.
Au sein de l’association Résiliances, elle œuvre de manière complémentaire. Son action est alors collective, avec les adhérents, des acteurs partenaires et le soutien du Ministère de l’Écologie et du Ministère de l’Intérieur, à destination des entreprises.