Manon Cuillerat, fondatrice de Cintrametaux
Les femmes entrepreneuses dans l’industrie sont peu nombreuses. J’ai découvert Cintrametaux et sa fondatrice Manon Cuillerat grâce à mon réseau qui suit ce projet semaine après semaine.
Manon dirige une entreprise de cintrage, un métier artisanal peu connu qui a pourtant des applications nombreuses dans notre quotidien.
Prendre confiance en soi ensemble
Manon a grandi dans une famille d’entrepreneurs. Elle a toujours vu ses parents travailler à leur compte dans la chaudronnerie familiale, sans compter leurs heures, et gérer des projets d’envergure.
C’est son père qui lui a proposé un jour de créer une entreprise de cintrage ensemble.
Évaluer son marché
Manon a pris le temps d’étudier précautionneusement le marché du cintrage. Elle a observé que les utilisations du cintrage se retrouvaient dans des domaines très variés, depuis les guidons de vélo, aux pieds de chaises, en passant par les barres de métro.
D’autres entreprises implantées depuis plusieurs décennies étaient déjà présentes sur ce marché, mais avaient une vision très traditionnelle de l’entreprise industrielle. Manon avait envie d’ y insuffler à sa manière des enseignements appris en école de commerce.
Alors Manon a décidé de lancer une entreprise de cintrage avec ses parents. Elle pensait faire cela pendant les 5 années à venir, sans se rendre compte qu’au bout de 5 ans, ce serait seulement le début de l’aventure.
Entreprendre en famille
Entreprendre dans un domaine technique, sans être complètement seule a permis à Manon d’entreprendre en confiance. Son père était présent au démarrage pour l’aider à prendre en main les aspects techniques et acquérir toutes les connaissances d’un métier dont elle ignorait tout, tout en la laissant piloter l’entreprise. Sa mère l’a aidée sur les plans gestion et comptabilité
Savoir se faire confiance
Ses premiers interlocuteurs la prennent parfois de haut du fait de sa faible expérience, mais loin de se démonter, Manon continue d’apprendre les éléments du domaine de la métallurgie, son jargon, les domaines d’application, la lecture de plans techniques.
Son entreprise nécessitant des investissements de départ conséquents, Manon a dû chercher des financements. La présence de l’entreprise de ses parents au capital a aidé à convaincre les banques à soutenir le projet. Elle restait actionnaire majoritaire pour piloter l’entreprise.
Le peu de données sur le monde du cintrage n’ont pas aidé Manon à créer un modèle précis de rentabilité à son démarrage. Elle a dû commencer par tâtonner pour trouver son équilibre financier entre son prêt, ses charges, et ses rentrées d’argent.
Être résiliente
Au bout de quelques mois, de plus en plus de commandes rentrent, Manon embauche un premier collaborateur, le forme à ce métier. C’est une nouvelle sortie de zone de confort pour elle de gérer un salarié, de s’appuyer sur ses compétences, de lui proposer des tâches intéressantes et communiquer pour mettre les choses à plat pour garder une relation saine et de confiance, qui dure sur le long terme.
Devenir entrepreneuse, ça a été pour Manon comme d’apprendre 15 métiers en même temps.
Oser persévérer
Les premières années, Manon a dû faire preuve de résilience pour rattraper financièrement les investissements faits. Après 4 ans de résultats difficiles, ses parents doutent de la pérennité de cette entreprise qui perd de l’argent. Mais Manon sentait qu’elle était sur la bonne voie et qu’elle devait persévérer car tout ce qu’elle avait mis en place les premières années allaient lui permettre de faire grandir son entreprise.
Elle décroche à cette période un gros marché dont elle sous-traitait une partie. Ce marché lui aura assuré des rentrées financières confortables, mais Manon aura surtout appris de cette expérience qu’elle devait cadrer plus précautionneusement ses relations avec ses sous-traitants. Certains ont eu du retard, et cela lui aura mis une forte pression pour honorer les engagements qu’elle avaient pris.
Faire évoluer son entreprise
Les fonds qu’elle a acquis à ce moment-là lui auront permis de recruter. La grosse augmentation de son chiffre d’affaire aura aussi donné confiance aux acteurs du marché pour lui confier de nouveaux projets.
Ces dernières années, Manon a pris le parti de viser un spectre plus large de prestations en ajoutant au cintrage des prestations de roulage et de parachèvement.
Cela lui permet d’augmenter son panier moyen, tout en offrant une simplicité à ses clients qui n’ont qu’un seul prestataire pour répondre à leurs différents besoins. Manon cherche alors à dimensionner en conséquence ses équipes pour intégrer des personnes compétentes dans ces nouveaux domaines.
Vers de nouveaux challenges
Ayant toujours vu ses parents entrepreneurs travailler sur une très large amplitude horaire, Manon remet aujourd’hui ce modèle en cause, persuadée qu’il est possible de diriger une entreprise tout en ayant un emploi du temps de moins de 70h par semaine. L’observatoire Amarok mesure en l’occurrence la santé des dirigeants de TPE, et lui a permis de prendre conscience qu’il était possible de faire différemment.
Manon considère que la croissance de son chiffre d’affaire et de la masse salariale de Cintrametaux lui permettra d’occuper un rôle moins central dans son entreprise et d’améliorer son équilibre vie personnelle / vie professionnelle.
Pour cela, elle s’entoure de personnes de confiance pour se soulager de certaines missions qu’elle gère elle-même, et cherche à digitaliser certains process.
Dans le futur, elle réfléchit également à créer un produit propre à Cintrametaux.
Mais Manon garde les pieds sur terre, ne cherche pas à grandir à tout prix, préférant continuer de faire briller la petite pépite qu’elle a créée, avec son sens de la proximité client, et l’équipe soudée et motivée qui compose aujourd’hui Cintrametaux.