Isabelle Vray-Echinard
J’ai quitté le monde de l’ingénierie pour celui de l’entrepreneuriat. Les deux ont en commun d’être majoritairement masculins. Alors j’ai eu envie de mettre en lumière ces femmes audacieuses, dynamiques et déterminées à créer la vie qu’elles souhaitent.
Ces femmes ont des histoires, des raisons d’entreprendre et des parcours variés. Au travers d’un portrait par semaine, je vous montre leur quotidien et raconte leurs histoires.
C’est Sandrine Rabilloud, dirigeante de l’espace de coworking Chlorofeel qui m’a parlé d’Isabelle Vray-Echinard. Je cherchais à ce moment-là une femme dirigeante dans le monde de l’industrie. Je me souviens très bien de mes premiers échanges avec Isabelle : il nous a été impossible de seulement convenir d’un lieu de rendez-vous, lorsque je lui ai présenté mon projet, nous avons été transportées toutes les deux dans des échanges engagés sur l’entrepreneuriat féminin. Une jolie rencontre, qui a résonné fort pour chacune de nous deux.
Oser entreprendre pour n’avoir aucun regret
Isabelle a toujours été une femme indépendante. Elle a notamment dirigé pendant 7 ans un établissement de santé en cancérologie. Elle voulait entreprendre, mais ressentait un syndrôme de l’imposteur marqué. Entreprendre, c’était sortir encore davantage des chemins de traverse qu’elle avait suivi et des rencontres qui lui avaient permis d’explorer des univers professionnels différents.
C’est en devenant grand-mère que le déclic s’est fait : Isabelle a décidé de franchir le pas et de s’autoriser à faire ce qu’elle voulait ardemment depuis toujours et ne pas avoir ni amertume, ni regrets à l’aube de la vieillesse. A 52 ans, elle a alors abandonné sa vie d’avant pour reprendre la société industrielle Mirima Design.
Entreprendre par goût de l’aventure
Isabelle a été confrontée au cours de son existence à des événements douloureux à surmonter qui lui ont démontrée que la vie était un défi permanent à tenter et à relever. Cela lui a donné un goût du risque marqué, et la capacité à s’affranchir du regard des autres. Consciente qu’elle n’a qu’une seule vie, et qu’elle mérite d’être vécue, Isabelle a décidé d’en profiter en se lançant dans l’aventure d’entreprendre.
Elle ressentait le besoin d’explorer le monde industriel dont elle ignorait les entrailles. Son syndrôme de l’imposteur la faisait hésiter, mais elle s’est alors dit qu’un homme, à sa place , se poserait sûrement moins de questions. Et elle a mesuré les atouts qu’elle avait : curieuse, passionnée de découvrir de nouveaux horizons, elle aime apprendre et se sent épanouie par les challenges.
Reprendre une entreprise qui la faisait vibrer
Qu’est-ce qui la faisait vibrer à titre personnel ? Isabelle est admirative des personnes qui transforment la matière, et ont un sens créatif ou artistique. Elle voulait valoriser des savoir-faires locaux, artisanaux qui risquaient de disparaître, et a donc exploré le secteur de l’industrie.
Où l’attendait-on le moins ? Dans la reprise d’une entreprise ! Isabelle a alors pris le temps d’aller à la rencontre de patrons qui ont repris des entreprises. Son but était de recueillir des retours d’expériences pour nourrir sa réflexion tout en restant très réaliste . Isabelle a vite pris conscience qu’elle pourrait apporter à une entreprise beaucoup de choses qu’elle découvrait ailleurs, au travers de rencontres.
La seule femme qu’elle a alors rencontrée dans le milieu de l’industrie était l’ancienne dirigeante de Mirima. Isabelle a trouvé cette entreprise très intéressante, et a écouté avec attention le retour d’expérience de sa dirigeante. En la quittant, elle s’est fait la remarque qu’elle procèderait complètement différemment si elle en était la dirigeante . Quelques mois plus tard, Isabelle a eu l’opportunité de reprendre Mirima.
Aller jusqu’au bout de ses convictions
Au moment de reprendre Mirima, Isabelle a eu des opportunités de retour au salariat particulièrement attractives financièrement mais Isabelle avait pris sa décision et a résisté à l’appel des sirènes. Afin de disposer d’un apport financier significatif, elle a pris des mesures radicales.
Puis Isabelle a alors mis en place d’autres méthodes pour faire renaître Mirima. Elle considère que ce qui fait la richesse d’une entreprise, c’est son savoir-faire, mais aussi son histoire, son ADN.
« Je fais ce que je dis et je dis ce que je fais »
En devenant cheffe d’entreprise, Isabelle a teinté Mirima de ses valeurs personnelles de transparence et d’écologie. Il lui a semblé naturel d’être transparente sur les chiffres de son entreprise, sur les difficultés rencontrées, sur les doutes qu’elle avait. Elle souhaite montrer qu’il est possible d’être patron et d’être exemplaire, en respectant les gens qui font la richesse de l’entreprise.
Elle a également engagé Mirima dans une démarche zéro déchet, en donnant des cartons ou du métal qui n’étaient plus utiles à Mirima à d’autres entreprises voisines.
Durant la période Covid, Isabelle a par ailleurs créé du lien entre femmes cheffes d’entreprises dans des réunions en distanciel. C’était sa manière de créer du lien autour d’elle dans cette période difficile pour les entreprises et les personnes. Et elle a adoré faire des rencontres et apprendre aux côtés de femmes inspirantes au sein de l’association FCE (Femmes Cheffes d’Entreprises).