52 femmes entrepreneuses – Amel Chikhaoui, fondatrice de Risk’M

Dans ce projet, je rencontre semaine après semaine des femmes qui ont, chacune à sa manière, choisi d’entreprendre malgré des freins bien différents qui auraient pu les en empêcher.

Amel Chikhaoui est porteuse d’un handicap visuel et ne voit aujourd’hui plus qu’avec un seul oeil. Loin de l’empêcher d’entreprendre, elle a pu monter sa société Risk’M d’accompagnement des sociétés en gestion des risques industriels. Son parcours a forcé mon admiration : porteuse de handicap et femme, elle évolue dans un milieu très masculin encore pétri de stéréotypes.

52 Femmes Entrepreneuses - Amel Chikhaoui, Risk'M

Trouver sa voie

Avant d’imaginer entreprendre, Amel a d’abord eu une un parcours académique qui n’était pas de tout repos notamment à cause des hospitalisations et de la fatigue générée sur sa vision qui est évolutive.

Elle a malgré tout acquis beaucoup de connaissances pratiques et théoriques dans le cadre des différents diplômes qu’elle a passés dans les domaines scientifique, techhnique et environnemental.

C’est lors de son master universitaire qu’Amel découvre le domaine de la gestion des risques industriels. Les différentes expériences en entreprise qu’elle a réalisées lui ont donné une bonne visibilité sur l’environnement de travail et le métier vers lequel elle voulait aller.

Ingénieure en gestion des risques

Sa carrière de salariée a fortement été marquée par l’occupation de différents postes sur des fonctions en HSE (Hygiène, Sécurité et Environnement)

Ce métier nécessite une grande discipline technique, et une capacité à prendre de la hauteur pour identifier tous les risques et proposer des moyens de les mitiger qui seront acceptés par les équipes.

En tant que salariée et malvoyante, Amel s’est alors parfois heurtée à quelques difficultés pour collecter les informations dont elle avait besoin auprès de ses collègues. Elle devait ponctuellement gérer la résistance aux changements impliquant les collaborateurs aux nouveaux processus qu’elle proposait.

La dimension du handicap a parfois été mal appréhendée par son employeur en raison des ajustements au poste de travail. Ne pouvant l’effacer complètement, Amel fait de son mieux pour le compenser et atteindre les objectifs qui lui sont fixés. Cela implique qu’en cas de fatigue parfois trop importante, sa hiérarchie et ses collègues comprennent et acceptent qu’elle ait besoin de repos.

Trouver un cadre soutenant

Devant trop de situations d’incompréhension, Amel s’est alors questionnée sur une autre manière d’exercer ce métier qui la passionne dans un cadre qui serait en phase avec ses valeurs.

Soutenue par sa famille et son entourage professionnel, Amel décide donc de se lancer en tant qu’indépendante. La structure Positive Planet (NDLR : Positiv aujourd’hui) l’accompagne sur les démarches administratives, son étude de marché, son business plan.

En tant que cadre, elle a également été accompagnée dans son évolution professionnelle par l’APEC qui lui a suggéré d’intégrer une couveuse d’entreprises. Elle rejoint alors Auxime. Cet accompagnement bimensuel lui a permis de se projeter dans la vie d’une entrepreneuse, mais l’a aussi motivée au quotidien.

S’émanciper par l’entrepreneuriat

Devenir indépendante a été pour Amel une émancipation du salariat qui ne l’accueillait pas avec son handicap. Elle est libre d’exercer son métier à son rythme et dans les conditions qu’elle souhaite.

Au démarrage, elle a eu une expérience en tant que freelance durant quelques mois pour une société de sous-traitance. De cette expérience, elle garde le sentiment d’avoir rempli sa mission et atteint ses objectifs sans obtenir la reconnaissance de son client.

S’entourer pour avancer ensemble

Au hasard des rencontres, Amel a également découvert le programme TIH-Booster qui accompagne les personnes en situation de handicap dans le développement de leur entreprise. Pendant plusieurs semaines, elle requestionne son modèle entrepreneurial, et est accompagnée pour monter des dossiers de financement notamment auprès de l’AGEFIPH.

Apprendre de ses difficultés

Cela lui aura permis d’identifier les conditions dans lesquels elle souhaite intervenir.

Elle est aussi depuis très rigoureuse sur l’établissement de ses contrats et partenariats, et en particulier sur les engagements qu’elle offre en terme de planification, de responsabilité des parties, et les pénalités à appliquer pour les deux parties du contrat.

Cela lui a permis de se sécuriser lors de ses missions ultérieures et de créer une relation professionnelle en toute transparence.

La passion de transmettre

Amel a aussi décidé assez rapidement de prospecter auprès d’écoles d’ingénieurs pour y partager ses connaissances théoriques et pratiques précieuses dans les milieux industriels et pharmaceutiques. Aujourd’hui, elle apprécie énormément ses moments de transmission auprès des étudiants. Elle leur fait découvrir le monde du travail avec son expérience concrète.

Trouver son rythme de croisière

Dans un futur proche, Amel, avec son coté cartésien et rigoureux, va chercher à augmenter son chiffre d’affaire en réduisant son temps de travail hebdomadaire. Cela lui permettra de développer des outils propres à son métier et automatiser certaines actions. L’association H’Up l’accompagne sur les possibilités de développement de son entreprise et représente une bulle bienveillante dans son quotidien.

Cet article vous a aidé ? Partagez-le !